L’esthétique médicale et chirurgicale sont complémentaires. Il est par exemple naturel de recourir à un lifting à l’âge de 55 ou 60 ans après avoir bénéficié d’injections d’acide hyaluronique pour corriger les premiers signes du vieillissement avant cet âge.
Néanmoins la connaissance de la présence d’acide hyaluronique dans les tissus à opérer chez les patients est d’une grande importance pour les chirurgiens car cela impacte largement le geste opératoire.
Bien entendu, nous partons du postulat que les injections ont été bien réalisées, c’est-à-dire dans des proportions raisonnables, aux bons endroits.
Si vous consultez votre chirurgien pour un lifting du visage ou une lipostructure des cernes, il est très important de dire à votre chirurgien que vous avez bénéficié d’injections d’acide hyaluronique, sur quelles zones du visage et depuis combien de temps. Idéalement, vous lui communiquerez également le type de produit utilisé. Ceci pour souligner l’importance du suivi en médecine esthétique avec la conservation d’une bonne traçabilité des traitements effectués par le praticien et les produits qu’il a utilisé.
Savoir anticiper le bon geste du lifting sur un visage injecté
Parce que les injections d’acide hyaluronique viennent parasiter l’appréciation du geste chirurgical à réaliser pour le lifting, il est important que votre chirurgien puisse se rendre compte de la façon dont se présenterait votre visage sans ces injections. Il faut qu’il puisse bien poser le geste à réaliser et ne pas le sous-évaluer compte tenu de la correction déjà apportée par les injections. En effet, l’acide hyaluronique est un produit résorbable, son action est donc temporaire. Avec le temps, il va fondre dans les tissus et si le geste du lifting n’a pas été suffisamment adapté, la patiente peut être déçue du niveau de correction obtenu dans les mois et années qui vont suivre.
Réaliser un lifting cervico-facial naturel est souvent une question de curseur. Sa réussite tient autant par l'appréciation du chirurgien avant l’intervention que pendant le geste chirurgical proprement dit au bloc opératoire. L’acide hyaluronique présent dans les tissus, en modifiant la forme du visage, va venir modifier ce curseur au moment où le chirurgien va réaliser le lifting. L’expérience du praticien dans le traitement de ce type de cas (que l’on rencontre de plus en plus fréquemment compte tenu du développement la médecine esthétique) est donc fondamentale.
Autre paramètre non négligeable à connaitre, c’est la spécificité de l’acide hyaluronique qui agit comme une véritable éponge qui se gonfle d’eau, c'est-à-dire du sérum, du plasma et du sang du patient.
Après la réalisation du lifting, l’acide hyaluronique éventuellement présent dans les tissus va venir capter l’œdème généré par la chirurgie ce qui va faire en sorte qu’il va subsister plus longtemps que s'il n'y avait pas eu d’acide hyaluronique sous la peau. Cela donne donc des suites opératoires plus longues.
Comment réaliser une chirurgie adaptée dans ces cas-là ?
Sachant que son patient a été injecté par de l’acide hyaluronique au niveau des zones d’intervention, le chirurgien peut proposer l'injection d’un produit spécifique : la hyaluronidase 15 jours à trois semaines avant le geste chirurgical. La hyaluronidase permet de faire fondre la plus grosse partie de l’acide hyaluronique injecté de manière à disposer, le jour de l’intervention, du visage de la patiente non modifié par les injections.
Si le chirurgien est au courant des différentes injections réalisées, il pourra aussi déplacer un peu le « curseur » lors de son geste chirurgical, pour anticiper ce qui pourrait se passer après avec la disparition totale de l’acide hyaluronique.
Le cas de la correction des cernes et des lèvres
Très souvent lors, d’un lifting cervico-facial, le chirurgien est amené à venir corriger les cernes. La technique utilisée est la liposculpture : le comblement par injection de graisse autologue. Si la patiente a été injectée avec de l’acide hyaluronique au niveau des cernes, le chirurgien ne pourra pas apprécier la qualité de la correction obtenue par la liposculpture et la patiente sera privée d’un beau raffinement à la fin de son lifting.
La correction des cernes par injections d'acide hyaluronique est limitée par une dose maximum à ne pas dépasser puisque l’acide hyaluronique qui agit comme une véritable éponge va capter les liquides de l'organisme pour prendre son volume et y créer des poches d'eau. C’est la raison pour laquelle le chirurgien peut avoir du mal à interpréter la profondeur du cerne à traiter pour injecter la graisse pendant la lipostructure.
Là aussi, même s’il n’y a pas d’intervention de lifting mais seulement une lipostructure des cernes, il faut, 15 jours à trois semaines auparavant, faire fondre l'acide hyaluronique qui a été injecté à l’aide d’une injection de hyaluronidase à l’endroit où l’on va les corriger cernes avec la propre graisse de la patiente. Ceci permettra au chirurgien d’apprécier vraiment le creux à corriger.
Autre point pour la réussite de la lipostructure : les petites cellules graisseuses vivantes qui ont été prélevées dans la cuisse ou le genou doivent absolument venir se greffer dans les tissus pour obtenir un résultat définitif. Si l’injection de graisse est réalisée dans des tissus comportant de l'acide hyaluronique, le phénomène de greffe va être perturbé et de nombreuses cellules vont mourir. Elles n'arriveront pas à se connecter avec une petite artère, à une petite veine, à l'eau dans les tissus. Il est donc fondamental, avant une correction des cernes par un lipofilling, de bien informer votre chirurgien si vous avez reçu de l'acide hyaluronique dans les cernes. Il ne faut pas hésiter, même si vous avez l'impression que le médecin précédent n'a que peu injecté.
De la même façon, chez une femme dont les lèvres auront été injectées, au-delà de l'aspect parfois un peu artificiel, il y a aussi un risque pour le chirurgien en fin de lifting de faire une erreur d'appréciation sur la correction de la bouche. De même si le laser est aussi envisagé en fin d’intervention pour effacer les rides péri-bucales.
En conclusion
Les injections d'acide hyaluronique sont une merveilleuse solution médicale de prévention du vieillissement dans l’attente d'une chirurgie.
Néanmoins il faut savoir modérer son recours pour conserver un aspect naturel au visage. L'acide hyaluronique n'a jamais remplacé un lifting surtout à partir de la cinquantaine.
Et il est très important de signaler à son chirurgien avant un lifting cervico-facial ou un comblement des cernes par lipostructure si on a bénéficié d’injections d'acide hyaluronique pour que celui-ci sache réaliser le geste le plus raffiné, le plus harmonieux et le plus naturel possible.
Nos ressources pour aller plus loin
Pour en savoir plus sur l’injection d’acide hyaluronique dans les cernes, vous pouvez consulter l’étude de portée mondiale que j’ai eu le plaisir de mener publiée aux États-Unis, dans le journal Dermatologic Surgery.
Pour en savoir plus sur le lifting, consultez la page de présentation de cette intervention sur notre site.
Pour voir les vidéos concernant les injections d’acide hyaluronique avant une chirurgie rendez-vous sur notre chaîne YouTube :
- Le lifting après injection d’acide hyaluronique.
- La lipostructure des cernes après injection d’acide hyaluronique.
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Docteur Niforos